« Et c’est le sprint final, dernier tour de piste, sa coéquipière lui tend le témoin pour le passage du relais, Marie-Jo Pérec le récupère et trace sa route jusqu’à la ligne d’arrivée, ouiiiii c’est une victoiiiiiiiiiiire ! ». Voilà, c’est un peu comme ça qu’on voit notre voyage en Namibie avec Elsa et Damien, un peu mais pas que.

11 janvier 2017 : échange de mail dont l’objet est « Namibie ».  C’est la destination que nous avons choisie pour les rejoindre lors de leur tour du monde, et plus précisément à la fin de leur aventure. Première question qui vient en tête : c’est où d’abord la Namibie ? Rien que le nom du pays fait penser à une onomatopée de mec bourré. On vérifie sur une carte, c’est au-dessus de l’Afrique du Sud, ça nous va bien de passer les fêtes de fin d’année au soleil. Ainsi donc le réveillon du jour de l’an 2017-2018 se fera là-bas (où tout est neuf et sans doute sauvage). Bon, on a le temps de voir venir, on est à peine en janvier, décembre est encore loin. Et puis, comme d’habitude l’année passe, et cette fois elle laisse place à un nouveau projet, celui de partir aussi voyager pour quelques mois. Ce sera en Amérique du Sud. Aucun rapport donc avec la Namibie, et pourtant samedi 30 décembre 2017 nous voici à Windhoek, et plus exactement au passage de la frontière.

« – On met quoi comme lieu d’hébergement ?
– Beh je sais pas, ils nous ont rien dit, on n’a qu’à regarder sur maps me et mettre un hôtel au pif ?
– Non non je vais discuter avec la douanière et lui dire qu’on rejoint des amis, ça devrait passer ».

Un refus et un coup de fil à Damien plus tard et nous voici avec nos sacs et surtout nos visas. Une banderole nous attend à l’aéroport, accompagnée d’Elsa et Damien. Elsa a perdu des cheveux que Damien a récupérés dans sa barbe. Ils sont beaux ils sentent bon le sable chaud et nous emmènent boire notre premier café-wifi (le café wifi est un type de café réputé pour ses vertus numériques, permettant d’éviter toute déconnexion digitale).

11 janvier 2018 : cela fait une dizaine de jours que nous arpentons le Sud et le Centre du pays, et sous le harcèlement la demande d’Elsa c’est aussi le moment d’écrire un article sur ce voyage !

La Namibie c’est quoi ? Des animaux en liberté que l’on aperçoit sur le bord des routes, de la chaleur, des dunes aux courbes hypnotiques, des routes rectilignes dignes de jeux vidéo, des arbres comme dans le Roi Lion, un village fantôme abandonné dans le sable, des nuages spectaculaires, le 2e canyon le plus large au monde (selon les Namibiens), des rivières (enfin, une surtout), des couchers de soleil aux couleurs irréelles, des paysages désertiques et lunaires, un parterre d’étoiles chaque soir, des fourmilières de la taille d’un être humain, peu d’êtres humains, des bidonvilles faits de maisons en tôle, des peintures rupestres et même des empreintes de dinosaures.

Et puis c’est aussi connaître la sensation de mettre la main dans un four (47°C dehors), dormir dans des tentes au-dessus d’un 4×4, organiser des compétitions de montage desdites tentes, ne jamais les gagner, faire du camping sauvage et se sentir magnifiquement seuls au monde, passer le réveillon à 4 au milieu du désert, admirer le sens de l’autonomie, la sérénité et la joie de vivre de nos deux compagnons de voyage, s’entraîner avec Elsa à des exercices de communication non-violente, se demander si Damien est un super pilote ou un robot, s’écrier « oryx à droite, girafe à gauche, là des babouins qui traversent ! », jouer à des parties de trou du cul, laver la vaisselle au marc de café, noter tous nos jeux de mots, avoir l’impression d’être dans le tambour d’une machine à laver lors d’une tempête de vent, passer des heures (mais seulement les plus chaudes hein) à boire des café-wifi, imaginer des blagues à propos de noms d’animaux*, réaliser une interview vérité, perdre le pot commun (#AndthewinnerisCharlotte !), partager des soirées à la lueur de la frontale, perdre la notion du temps et des kilomètres, s’émerveiller, déconner, se retrouver et sentir les liens d’amitié se renforcer.

Chaque fin est le début d’autre chose, et c’est en cela que nous qualifions nos expériences de passage de témoin. En fait, c’est comme si Fais Tourner était une vague qui s’est formée il y a un an, en plein milieu de l’océan, et nous, apprentis surfeurs en quête d’élan, nous l’avons accompagnée au moment où elle est la plus grande, riche de toutes les expériences accumulées en chemin, juste avant qu’elle n’atteigne le rivage. Se reformera-t-elle un jour ? Nous avons bien notre petite idée sur la question, tant qu’il y aura des Bouge de là à faire tourner…

* Pour vous lecteurs un florilège des blagues d’animaux, et puis on sait jamais, si un partenariat avec Carambar pouvait voir le jour :
– Quel est l’animal le plus alcoolique ? Le zébu !
– Quel animal est toujours absent ? L’impala !
– Quel animal est toujours très chaud ? Le hibou !
– Quel animal adore le camping ? L’hippocampe !